"Capter quelque chose, c’est très passionnant. J’étais une piètre photographe, car je n’ai pas appris dans les écoles. […] Je me considérais comme libre de faire des photographies que j’appelais des compositions.
Le fait d’avoir été sans connaissances des films dans ma jeunesse, m’a donné du culot.
Dans Cléo de 5 à 7 ce qui m’intéressait, c’était de montrer l’émotion de la peur.
Penser un film, c’est penser à la forme qu’il a.Plus j’avance, plus j’aime faire des documentaires car plus les autres m’intéressent. Certains autres. L’idée de mettre en valeurs les gens, ça me met de bonne humeur.
Les installations m’ont permis de parler autrement des choses."
Agnès Varda : "On est ouvert au hasard et le hasard apporte les choses"
"Agnès Varda a trois vies, artistiquement parlant.
Dans la première, elle est photographe, accompagnant de 1948 à 1960 le Festival d’Avignon et le Théâtre National Populaire de Jean Vilar.
Dans la deuxième, elle est cinéaste, avec un premier film La Pointe Courte réalisé en 1954, avec deux comédiens, et pas des moindres : Philippe Noiret et Sylvia Monfort. Un film précurseur de la Nouvelle Vague avec peu de moyens, sa liberté, et sa façon de mêler fiction et regard documentaire, deux faces du cinéma avec lesquelles elle joue sans cesse depuis.
Côté fiction Cléo de 5 à 7, Le Bonheur, Les Créatures, L’une chante, l’autre pas, et Sans toit ni loi, qui sera Lion d’Or à la Mostra de Venise en 1985, avec l’extraordinaire interprétation de Sandrine Bonnaire.
Ou encore Jacquot de Nantes, hommage très émouvant à l’enfance de Jacques Demy, son compagnon de 35 ans.
Côté documentaires, on retrouve quantité de films petits et grands, dont Opéra-Mouffe, Daguerréotypes, Mur murs, Les Glaneurs et la glaneuse, Les Plages d’Agnès et le dernier à ce jour : Visages, villages, cosigné par l’artiste JR.
Mais comme dans le diptyque Kung-Fu Master / Jane B . par Agnès V., avec Jane Birkin, la frontière entre fiction et documentaire est toujours indécise. L’ensemble de ses films pourraient prendre le titre de celui qu’elle a réalisé en 1982 : Documenteur. Une œuvre à la fois très personnelle, comme un journal intime des différents moments de sa vie, et très ouvert aux autres, notamment à ceux que la société a mis sur le côté, à la marge.
Et voilà qu’il y a une quinzaine d’années, surgit la troisième vie d’Agnès Varda : moins plasticienne qu’artiste visuelle, comme elle préfère dire, depuis qu’en 2003 Hans Ulrich Obrist l’a invitée à monter une installation à la Biennale de Venise. Ce fut Patatutopia, ses pommes de terre en forme de cœur, ridées et germées, et l’artiste elle-même en robe patate. Nombreuses installations depuis, de Lyon à Gand, de la Fondation Cartier à Paris au CRAC de Sète, de Bâle à Pékin, en passant par la Chapelle Saint-Charles à Avignon, où étaient exposées les photos de sa première vie. "
Mort d’Agnès Varda, la réalisatrice culte de la Nouvelle Vague
Masterclass : Agnès Varda, les glaneurs, la glaneuse
L’ Interview : Agnès Varda et JR
Son chat s’appelait Zgougou. Il avait été enterré, dans la grande tradition des tombeaux de chats, dans le jardin de Noirmoutier. Ainsi l’avaient voulu Agnès et ses enfants.
Agnès parlait bien des chats, et aussi de la mort des chats, les siens, qui furent nombreux. Ceux qu’elle a beaucoup aimé et ceux qu’elle a moins aimé. « L’ensemble des chats, l’ensemble des morts, l’ensemble des gens ».
Agnès aimait bien se laisser emporter par les mots mais attention, mine de rien, elle avait presque toujours le mot juste. Elle disait par exemple : « On efface pas la perte ; la perte existe toujours ». Elle aimait aussi parler du banc
qu’elle avait fait installer auprès de la tombe de Jacques Demy, « pour que les gens puissent s’y asseoir ». Et donc, désormais, les gens pourront s ‘y asseoir pour être près d’elle aussi.
Elle disait encore : « J’ai une notion mexicaine de la mort. (…) Il faut aller sur les tombes, il faut boire un coup, s’asseoir, faut rigoler, faut amener les enfants ; penser que ce serait plus rigolo qu’ils soient là ; je pense que les lieux où il y a des morts, j’ai pas du tout l’idée de pleurnicher par là…(…) J’ai aucun rapport religieux ni avec la vie, ni avec la mort »…
(Extraits d’un entretien avec la philosophe Vinciane Despret
Entretien avec la philosophe Vinciane Despret
La pointe courte 1955
Sans toit ni loi, avec Sandrine Bonnaire, Lion d’or Venise 1985
Visages, villages, avec Agnès Varda, JR, Jean-Luc Godard
Jane B. par Agnès V.
Les films d’Agnès Varda à la Médiathèque