L’exposition
Exposition, Paris, Musée du Louvre - Hall Napoléon, 14 mars au 2 juin 2008
Rassemblant pour la première fois des objets venant du monde entier, cette exposition souhaite réconcilier l’histoire et la légende de Babylone.
Sont évoqués le rayonnement et les étapes fondatrices de la ville antique et la manière dont le concept ultérieur d’une Babylone imaginaire prend son origine dans cette réalité historique. Cette nouvelle approche est rendue possible grâce à des études permettant de retracer une histoire qui ne dépende plus fondamentalement des sources bibliques ou classiques tardives. Les grandes époques de la civilisation babylonienne sont rappelées en s’appuyant sur la présentation de stèles, de statues et statuettes, d’objets précieux, de documents et de textes, de tablettes cunéiformes, de papyrus et de manuscrits.
L’évolution de la représentation mythique et des traditions légendaires symboliques de Babylone est également abordée à travers un ensemble d’imprimés, de dessins, de peintures et de miniatures. Babylone est vue sous un jour historique : l’exposition remonte aux faits réels qui ont engendré la ville. Elle permet ainsi de prendre la mesure de l’héritage culturel de Babylone dans des civilisations contemporaines et postérieures et de redonner à la culture babylonienne sa juste place dans les racines de la culture occidentale. Plusieurs dessins, textes, ouvrages témoignent enfin des phases principales de la redécouverte de Babylone, depuis le XVIIème siècle jusqu’à aujourd’hui.
1750-1600 avant notre ère
Hégémonie de Babylone. Le roi Hammurabi (1792-1750) fait de la capitale et le cœur spirituel et intellectuel de toute la Mésopotamie.
605-562 avant notre ère
Règne de Nabuchodonosor II qui prend Hammurabi pour modèle et dote Babylone de monuments splendides. Destruction de Jérusalem : Babylone devient, pour ses adversaires, l’incarnation du mal.
1899
Début des missions archéologiques allemandes qui donnent une réalité nouvelle à Babylone, sans mettre fin à son mythe.
Grâce aux études en cours des fouilles du site, il est désormais possible de retracer une histoire de Babylone qui ne dépende plus fondamentalement des sources bibliques ou classiques tardives. A une vision déformée de Babylone, vue à travers le spectre de ses voisins ou la postérité, se juxtapose ainsi le portrait plus riche de Babylone vue par les Babyloniens.
L’histoire de la ville, au prestige incomparable et au rayonnement exceptionnel, est marqué par quatre grandes époques.
Le règne de Hammurabi (début du XVIIIème siècle av. J.-C.)
Sous l’égide de ce grand roi, modèle du souverain idéal, Babylone devient une capitale d’empire et un grand centre religieux et culturel. Véritable fondateur de Babylone, Hammurabi est à l’origine de la puissance et de la renommée de la ville. Les temples principaux, dont l’emplacement formera le noyau central et immuable de Babylone pendant près de 2 000 ans, furent érigés durant cette période.
La 2ème moitié du IIème millénaire av. J.-C.
Babylone connaît une éclipse politique mais demeure un centre de culture international par la diffusion de l’enseignement de ses scribes. La langue babylonienne est en effet lingua franca de l’Iran à l’Egypte, langue diplomatique et langue de culture (diffusion de grands thèmes littéraires, comme l’épopée de Gilgamesh).
L’apogée de Babylone à l’époque de Nabuchodonosor II (605-562 av. J.-C.)
La dissolution de l’empire assyrien et un renouveau du nationalisme redonnent sa primauté à Babylone, élevée au rang de centre cosmique.
Nabuchodonosor II donna à sa capitale une splendeur inégalée. Babylone est alors considérée comme le symbole de l’harmonie du monde, née de la puissance de Marduk, son dieu suprême. Cette vision cosmologique est à l’origine de toute la conception architecturale et décorative de la ville. Les fouilles ont livré un riche décor architectural de briques à glaçure colorée. Il représente les figures symboliques de la religion babylonienne : le lion, attribut de la déesse Ishtar ; le dragon, symbole de Marduk ; le taureau d’Adad, le dieu de l’orage. Des textes, des aquarelles réalisées lors des fouilles par l’architecte Walter Andrae, et des objets venant du trésor du sanctuaire de Marduk complètement l’évocation topographique et sociale de la ville historique dominée par sa tour à étages (ziggurat) qui donnera lieu à la légende de la Tour de Babel. (pour mémoire, c’est de cette époque que datent la prise de Jérusalem et sa destruction - 587 av. J.-C. -, événement qui allait déterminer la fortune critique attachée à ce souverain et à sa capitale).
La perte d’indépendance sous l’empire perse
Après sa conquête par Cyrus le Grand en 539 av. J.-C. et la perte d’indépendance qui en découle, Babylone demeure une ville importante de l’empire perse, puis un conservatoire de la culture babylonienne sous les successeurs grecs d’Alexandre le Grand (qui l’a conquise en 330 av. J.-C.) et encore sous la domination parthe (époque romaine). La ville conservera donc son caractère de capitale culturelle internationale, même aux heures les plus sombres de son histoire.
Cette deuxième partie de l’exposition poursuit deux objectifs : expliquer l’importance et la profondeur de l’héritage culturel babylonien et établir le lien étroit des traditions légendaires et symboliques avec la Babylone antique. En gardant comme fil conducteur la réalité historique, l’exposition essaie de décortiquer la fabrication de la légende, sa mise en écrit et en image, en traitant son évolution et ses adaptations à travers les âges.
L’héritage de la civilisation babylonienne
Dans bien des domaines, le legs babylonien aux autres civilisations est essentiel. Jusqu’au Moyen Age, de Rome à l’Inde, il influence les sciences et la littérature occidentales et orientales.
L’exposition met ainsi en lumière les éléments importants de la civilisation babylonienne qui ont survécu à travers les âges, de façon directe ou par des sources secondaires :
— Sa conception de l’histoire : principe des chroniques et listes dynastiques qui inspira les rédacteurs de la Bible et les auteurs classiques,
— Son enseignement : dictionnaires multilingues élaborés dans tout le Proche Orient antique,
— Ses sciences : lois, poids et mesures, astronomie, astrologie, divination ; la transmission majeure des savants chaldéens à la civilisation occidentale est le système sexagésimal, c’est-à-dire la division du cercle en 360°, et les douze mois de l’année,
— Sa littérature et les thèmes iconographiques qui influenceront les livres bibliques : thème du déluge, littérature de sagesse, livres historiques ; et la littérature grecque : Homère, les fables,
— Babylone lègue aussi un modèle de gouvernement et de conception architecturale pour de grandes villes postérieures : Séleucie, Ctésiphon, Samarra et Bagdad, jusqu’au projet de reconstruction de Bagdad par Franck Lloyd Wright au XXème siècle.
Les légendes et traditions créées autour de Babylone
Babylone est unique et le fut de tout temps, aux yeux de ses habitants comme à ceux de ses voisins. Si les légendes sont multiples, deux traditions majeures se détachent nettement.
Pour le monde biblique, la ville est synonyme d’admiration et de malédiction. Si les livres historiques relatent des faits réels, on assiste parallèlement à la création de mythes tels que celui de Babel/Babylone, ville maudite, ville de confusion, dont la fameuse Tour symbolise l’orgueil, ou celui de Nabuchodonosor, archétype du roi maudit. Ceci explique pourquoi Babylone devint par la suite, dans l’imaginaire de la culture juive et chrétienne, l’un des symboles du mal (Apocalypse de Jean : Babylone la ville du diable, la « grande prostituée ») et l’antithèse de Jérusalem.
Au contraire, pour les historiens antiques, Babylone est une ville gigantesque et splendide, qui abrite deux des sept merveilles du monde (les jardins suspendus et ses murailles). La fascination née de cette magnificence conduit rapidement à une déformation des faits historiques qui donnera naissance, entre autres, à la création des légendes de Sémiramis et de Sardanapale.
Au fil des siècles, la légende a ainsi pris le pas sur l’histoire, confortée pendant des siècles par l’absence de toute trace archéologique. Aujourd’hui encore, l’image que l’on se fait de Babylone résulte de l’entrelacement, de l’interpénétration des traditions biblique et classique.
Au cours de l’histoire, jamais trace du lieu de Babylone ne fut perdue. Si les voyageurs orientaux s’y sont toujours succédés, c’est à partir du XVIème siècle que leurs homologues occidentaux redécouvrent Babylone et que leur vision commence à se refléter dans la peinture et les arts graphiques. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les ouvrages littéraires et scientifiques sont inspirés par la multiplication des contacts politiques avec ces régions et par la traduction des Mille et une nuits. A cette époque apparaissent les premiers objets babyloniens rapportés en Occident.
A partir du XIXème siècle, le début des fouilles en Mésopotamie (sur les sites de l’ancien royaume d’Assyrie), puis le déchiffrement des inscriptions cunéiformes ont une répercussion dans la littérature et les arts.
Les fouilles du site de la ville antique, d’abord ponctuelles, puis approfondies et scientifiques à partir de 1899 (mission allemande), donnent une réalité nouvelle à Babylone, sans mettre fin à la légende.
La porte d’Ishtar (reconstitution)
Après avoir franchi la porte d’Ishtar, le visiteur s’engageait sur une large et longue avenue : la voie processionnelle. Celle-ci menait à la ziggurat de Babylone et au temple du dieu Marduk, dieu protecteur de Babylone.
Espace Arts
La Mésopotamie : pouvoir, religion, vie quotidienne
Enrico Ascalone
Hazan, 2006 (Guide des arts)
ART 709.35 ASC
Banquets et fêtes au Proche-Orient ancien
Faton, 2003 (Les dossiers d’archéologie)
ART 709.35 BAN
Mésopotamie, Asie antérieure : l’art ancien du Moyen-Orient
Leonard Woolley - Albin Michel, 1983 (L’art dans le monde)
ART 709.35 WOO
Babylone : catalogue de l’exposition
Musée du Louvre : Hazan, 2008
En commande
Espace Religion
Mythes de la Mésopotamie
Henrietta McCall
Seuil, 1994 (Points. Sagesse)
REL 299.2 MCC
Espace Histoire
La Mésopotamie : essai d’histoire politique, économique et culturelle
Georges Roux
Seuil, 1985 (L’univers historique)
HIS 935 ROU
Mésopotamie : l’écriture, la raison et les dieux
Jean Bottéro
Gallimard, 1987 (Bibliothèque des histoires)
HIS 935 BOT
La Mésopotamie au 1er millénaire avant J.-C.
Francis Joannès
Armand Colin, 2000 (U. Histoire)
HIS 935 JOA
Babylone : à l’aube de notre culture
Jean Bottéro
Gallimard, 1994 (Découvertes)
HIS 935 BOT
Initiation à l’Orient ancien : de Sumer à la Bible
Jean Bottéro
Seuil, 1992 (Points. Histoire)
HIS 935 BOT
Espace Jeunesse
La Mésopotamie : de Sumer à Babylone
Erica Hunter
Casterman, 1994 (Atlas historique)
JEU 935 HUN
Les Mésopotamiens
Lorna Oakes
La Martinière, 2001 (Vivre comme)
JEU 935 OAK
Une Ville en Mésopotamie sous Nabuchodonosor, Babylone
Etienne Morin
Albin Michel, 1984 (Un lieu, des hommes, une histoire)
JEU 935 MOR