Le dernier des Bevilacqua est mort ce jeudi 16 avril. Agé de 74 ans, le chanteur avait débuté sa carrière en pleine vague yéyé avant de devenir une sorte de dandy du rock intello, un esthète obsessionnel du son, porté aux nues par un public restreint mais exigeant.

BIO

Christophe, de son vrai nom Daniel Bevilacqua, voit le jour le 13 octobre 1945 à Juvisy-sur-Orge. Il est issu d’une famille d’immigrés italiens, son père est un entrepreneur de chauffage central. Sa mère, d’origine bretonne, est couturière. Grand amateur de cinéma dès son plus jeune âge, il tombe rapidement amoureux de l’"American Way of Life" décrit dans les films de son adolescence. Chanson française, blues et rock deviennent des passions et Christophe délaisse peu à peu l’école qui ne l’intéresse guère. Il apprend la guitare et l’harmonica, lance sa carrière, au début des années 60, avec le groupe Danny Baby et les Hooligans.

Christophe choisit de se lancer en solo et la chanson "Aline" le révèle au grand public durant l’été 65. La chanson devient un tube et s’écoule à un million d’exemplaires. Il enchaîne avec plusieurs titres l’année suivante ; "Les marionnettes", "J’ai entendu la mer", "Excusez-moi monsieur le professeur". Christophe se révèle alors : homme aux multiples facettes, épicurien, perfectionniste, curieux, talentueux…En 1973, il entame une fructueuse collaboration avec un nouveau parolier ; Jean-Michel Jarre. La même année, il sort l’album "Les Paradis perdus". La consécration arrive l’année suivante, avec l’album "Les mots bleus". Christophe triomphe à l’automne 1974 lors de deux soirées à l’Olympia parisien – immortalisées par son premier album "Live".

Les albums suivants rencontrent un succès moindre ("Samouraï", "La dolce Vita"), puis en 1979, il publie "Aline", une réédition de son premier titre qui lui permet de revenir sur le devant de la scène. En 1983, la chanson Succès fou lui permet de renouer avec le succès. Il marque ensuite une pause dans sa carrière, avant son come-back en 1996, avec l’album "Belivacqua". Par la suite, il continue de publier des albums mais à un rythme moins régulier ; "Comme si la terre penchait" (2001), "Aimer ce que nous sommes" (2008), "Paradis retrouvé" (2013). En 2016, pour l’album "Les vestiges du chaos", il scelle ses retrouvailles avec Jean-Michel Jarre et Boris Bergman notamment. En 2019, Christophe enregistre des reprises de son répertoire en duo avec de nombreux chanteurs.

ÉCOUTER LA PLAYLIST

ALBUMS DISPONIBLES A LA MEDIATHEQUE

Aline
Enr. 1965
[Disc’Az]
099 CHR

Daniel Bevilacqua (alias Christophe) enregistre à 20 ans seulement un des plus grands succès de la chanson française : "Aline". Cette chanson emblématique des Yéyés devient un des slows de l’été 1965. Christophe vend alors plus d’un million de disques ! Il fait également la première partie de Claude François à l’Olympia avant d’entamer sa propre tournée.

La route de Salina (bande originale du film de Georges Lautner)
Enr. 1970
[Les Disques Motors]
520 ROU

En 1970, Lautner s’essaye au drame psychologique, avec les USA pour toile de fond. Composée pour moitié de chansons et d’instrumentaux de sunshine-pop exécutés par le groupe Clinic, l’autre moitié est créée par Christophe, alors en pleine mutation entre l’amant éploré d’"Aline" et le futur alien du "Beau Bizarre". La chanson phare s’intitule "The Girl From Salina" : une véritable onde solaire qui semble tout droit dégringoler du paradis, portée par un clavecin pastoral, des chœurs célestes et la voix juvénile d’un Christophe en pleine lévitation onirique. Plusieurs instrumentaux, d’un raffinement et d’une richesse harmonique rarement égalés, viennent en contrepoint traduire l’atmosphère fantomatique et évanescente du film.

Les Paradis Perdus
Enr. 1973
[Les Disques Motors]
099 CHR

Troisième album de Christophe, "Les Paradis Perdus", est un disque court (même pas 30 minutes pour les 8 titres) mais essentiel. On sent Christophe totalement inspiré par la scène rock psychédélique et planant anglaise : Pink Floyd, King Crimson, Genesis... Enregistré en collaboration avec Jean-Michel Jarre, les sonorités sont assez modernes et radicalement différentes de ce que le chanteur (et les artistes français de l’époque, Gainsbourg excepté) avait l’habitude de faire. Voilà de quoi faire de ces "Paradis Perdus" un sommet inaltérable de la chanson française et de la musique en général.

Les Mots bleus
Enr. 1974
[Les Disques Motors]
099 CHR

Deuxième album écrit en collaboration avec Jean-Michel Jarre, "Les mots bleus" suit de près "Les paradis perdus" et achève la métamorphose qu’avait alors entamé Christophe. Changement de musique mais aussi changement de style vestimentaire : il apparaît désormais moustachu, dandy en cuir, l’air légèrement désabusé. La chanson titre de l’album s’inscrit dans la légende et reste un classique de la chanson française.

Olympia 75
Enr. 1975
[Les Disques Motors]
099 CHR

Après le succès de ses deux derniers albums "Les Paradis perdus" et Les Mots bleus", Christophe semble désormais un artiste à part, seul dans sa bulle musicale. Il renoue le contact avec son public lors de deux soirées à l’Olympia en 1974 où il enregistre son premier album live.

Samouraï
Enr. 1976
[Les Disques Motors]
099 CHR

Co-écrit avec Boris Bergman, "Samouraï" est un album aux sonnorités très rock qui rend hommage aux senventies. Sans être le plus connu, ce disque est toutefois un des albums les plus interessants de Christophe. Après le succès de "Paradis perdus" et "Les mots bleus", il persévère hors des sentiers battus et renoue avec la musique de son adolescence : il était en effet passionné par l’American way of life des sixties : sa musique (le blues, le rock), ses juke-box, ses idoles cramées (James Dean, Elvis Presley) et ses voitures de sport. Des influences que l’on retrouve sur "Samouraï".

Le Beau bizarre
Enr. 1979
[Les Disques Motors]
099 CHR

A la fin des années 70, Christophe se révèle dans ce qui l’anime et le caractérise : "Le Beau bizarre". Il est un OVNI dans ce "dancing sans danseur". Le chanteur entre alors dans une veine d’exploration expérimentale et musicale via les synthétiseurs.

Pas vu pas pris
Enr. 1980
[Les Disques Motors]
099 CHR

Un album années 80’, qui tranche avec les précédents très seventies : Christophe y est crooner, celui qui fait tourner les têtes et les filles. Il sort la même année que "Pas vu pas pris", un remix de "Aline", son premier succès de 1965. A quinze ans d’intervalle, la magie opère toujours.

Clichés d’amour
Enr. 1983
[Les Disques Motors]
099 CHR

Christophe enregistre en 1983 un album doucement ironique, "Clichés d’amour", avec des reprises de chansons comme "Besame mucho". Cet album est à l’image des années 80 : le chanteur y revêt à nouveau le costume de séducteur en veste de cuir rouge, comme dans les années 60, avant son incursion rock des seventies.

Bevilacqua
Enr. 1996
[Epic Records]
099 CHR

1996 : Christophe a changé de maison de disques et présente son nouvel album "Bevilacqua". Le chanteur en a écrit la plupart des textes et fait preuve comme dans les années 70 d’un travail original en matières de sons. On parle alors de cyber-jazz et de techno. Un premier single "Le tourne cœur" dévoile ce mélange sonore orné de cette voix efféminée si particulière. La critique musicale dite pointue s’emballe. Elle consacre Christophe comme un artiste définitivement à rebours de toutes les modes.

Olympia 2002
Enr. 2002
[AZ Records]
099 CHR

Christophe retrouve le public lors d’un spectacle à l’Olympia en 2002 après vingt-huit ans d’absence. Il y chante ses plus grands succès pour un come back réussis.

Aimer ce que nous sommes
Enr. 2008
[AZ Records]
099 CHR

Un road movie de l’île de Ré à Paris en passant par Séville et Londres : une musique pleine de surprises empreinte de rock et de blues, un disque impressionniste et surréaliste... Pour tous ceux qui pensent encore que Christophe se résume à "Aline", la découverte de ce CD est indispensable ; pour les autres, Christophe prouve une fois de plus qu’il est une des icônes invraisemblables de la chanson française.

Paradis retrouvé
Enr. 2013
[Les Disques Motors / BMG]
099 CHR

En hommage à son producteur Francis Dreyfus, fondateur des disques Motors disparu en 2010, qui lui réclamait un tel disque depuis longtemps, Christophe sort un album de maquettes inédites des années 70 et 80, glanées dans ses précieux fonds de tiroirs. "Paradis Retrouvé" contient une brassée de bijoux bruts de décoffrage qui méritaient d’être exhumés.

Intime
Enr. 2014
[Capitol Records]
099 CHR

Les plus grands titres de Christophe alliés à la sobriété du piano.

Les Vestiges du chaos
Enr. 2016
[Capitol Records]
099 CHR

Christophe a esquissé d’une main de maître un treizième album studio, fruit de plus de 50 ans de carrière, mûri depuis 7 ans, et tellement attendu...