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Gustave Doré (1832-1883) : l’imaginaire au pouvoir
Présentation et sélection bibliographique, février 2014

En pratique

Exposition, Musée d’Orsay, du 18 février au 11 mai 2014.

1 rue de la Légion d’Honneur - 75007 Paris
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 9h30 à 18h00
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h45

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L’exposition


Gustave Doré est sans doute l’un des plus prodigieux artistes du XIXe siècle. A quinze ans à peine, il entame une carrière de caricaturiste puis d’illustrateur professionnel - qui lui vaudra une célébrité internationale - avant d’embrasser tous les domaines de la création : dessin, peinture, aquarelle, gravure, sculpture.

L’immense talent de Doré s’investit aussi dans les différents genres, de la satire à l’histoire, livrant tour à tour des tableaux gigantesques et des toiles plus intimes, des aquarelles flamboyantes, des lavis virtuoses, des plumes incisives, des gravures, des illustrations fantasques, ou encore des sculptures baroques, cocasses, monumentales, énigmatiques...

En tant qu’illustrateur, Doré s’est mesuré aux plus grands textes (La Bible, Dante, Rabelais, Perrault, Cervantes, Milton, Shakespeare, Hugo, Balzac, Poe), faisant de lui un véritable passeur de la culture européenne. Il occupe ainsi une place cruciale dans l’imaginaire contemporain, de Van Gogh à Terry Gilliam, sans compter son influence certaine sur la bande-dessinée ; autant d’aspects que cette première rétrospective depuis trente ans souhaite explorer.


Gustave Doré (1832-1883)


Paul Gustave Louis Christophe Doré est le second enfant de Jean-Philippe Doré, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées et d’Alexandrine Pluchart qui lui vouera un amour inconditionnel toute sa vie. Il naît à Strasbourg le 6 janvier 1832. La grand-mère Pluchart lui offre richesse et bonne éducation ; elle aime Racine et Molièren et lit la Bible aux enfants, Virgile et Homère.

En 1840, la famille s’installe à Bourg-en-Bresse. Enfant aux dons précoces, Gustave est un très bon élève et se fait remarquer par ses caricatures et ses dessins inspirés du monde bresssan qui l’entoure : à 12 ans, un imprimeur local publie ses premières lithographies sur "Les Travaux d’Hercule".

En septembre 1847, Gustave a 15 ans et entreprend avec sa famille son premier voyage à Paris dans l’espoir nourri par son père d’une entrée à Polytechnique. Profitant de son absence et soutenu par sa mère, il rencontre Charles Philipon, le fondateur de la maison d’édition Aubert, des journaux illustrés "la Caricature" et le "Charivari", où se sont exprimés Gavarni et Daumier. Philipon ne s’y trompe pas aussitôt les esquisses vues et lui propose de collaborer au nouveau journal illustré qu’il projette de fonder. Gustave Doré s’installe à Paris où il suit les cours du Lycée Charlemagne et dessine en même temps des caricatures pour le "Journal pour rire" de Philipon. Il connaît vite la célébrité et débute en 1848 au Salon avec deux dessins à la plume, lorsque son père meurt brutalement, suivi par la grand mère Pluchart qui lègue à sa fille l’hôtel particulier de la rue Saint-Dominique à Paris, où il résidera désormais avec sa mère.

Gustave Doré - Hercule nettoyant les écuries d'Augias (Planche des Travaux d'Hercule, 1847, BNF)

La presse illustrée en France
 
Depuis 1830, la presse est en plein essor, on ne compte plus les nouveaux journaux... Les moyens de diffusion sont décuplés grâce aux techniques nouvelles : les presses mécaniques permettent de plus gros tirages ; bientôt le télégraphe, le chemin de fer... et les pigeons voyageurs font circuler l’information plus vite ; la première agence de nouvelles est fondée en 1832. Pour abaisser le prix du numéro, Emile de Girardin et Dutacq ont l’idée, en 1836, de faire une place aux "annonces". Puis vers 1840, pour attirer le public, on fait appel au roman feuilleton...
 
Satire et caricature
 
La presse satirique est, elle aussi, en plein développement. Elle exploite une mode anglaise florissante issue des caricatures de Hogarth. Les innombrables dessins satiriques de Georges Cruickshank sur la vie politique anglaise font rire toute l’Europe. En France, Gavarni et Daumier font leurs débuts vers 1830. C’est ainsi que le rire devient, dans le contexte répressif de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, une arme politique et sociale majeure. Charles Philipon, alliant à ce nouvel esprit les récents développements de la technique lithographique, fait alors passer le dessin caricatural de l’album au journal et fonde "La Caricature". Le journal tombe en septembre 1835 sous les coups des nouvelles lois sur la presse qu’édicte la Monarchie, profitant d’un attentat contre le roi, pour lutter contre le courant républicain. Mais "Le Charivari" prend le relais, délaissant la polémique pour une violente satire de moeurs.



Gustave Doré - L'enfance de Pantagruel (1854, BNF)A partir de 1849, Gustave affirme son goût pour la peinture en exposant quelques toiles au Salon, sans parvenir à se faire remarquer. Il collabore à diverses revues dans "Le journal pour rire", et publie en 1851 deux albums comiques lithographiés qui connaissent un grand succès. En 1854, l’éditeur Joseph Bry publie une édition des oeuvres de Rabelais, illustré d’une centaine de ses gravures. Doré a déployé dans cet ouvrage une fantaisie effrénée, un entrain extraordinaire, mêlant le fantastique au réalisme, l’épique au grotesque. Le succès est tel que plusieurs rééditions suivront. La renommée de Gustave Doré est faite. Il a 22 ans, il est célèbre.











La nouvelle gravure d’interprétation
 
C’est avec le travail de Gustave Doré que la gravure connaît un nouveau souffle. Jusque là, le dessinateur traçait un dessin simplifié adapté à la technique, et qui ne laissait aucune place à l’interprétation. Il revenait au graveur de le reproduire au trait pour trait. Doré passe de la formule du trait à celle de la teinte. Avec une équipe d’artisans qui deviendront ses collaborateurs, il met au point une nouvelle manière de procéder : il exécute ses dessins au lavis et à la gouache, puis demande aux graveurs non plus de suivre le trait, mais de le traduire, de l’interpréter, les poussant ainsi à raffiner leur technique et trouver d’autres procédés de taille.

De plus en plus reconnu, à la fois autodidacte et exubérant, Gustave Doré illustre de 1852 à 1883 plus de 120 volumes qui parurent en France, mais aussi en Angleterre, en Allemagne et en Russie. lors de la campagne de Crimée, il réalise, à la fois comme auteur et comme illustrateur, "L’histoire de la Sainte-Russie", une charge contre ce pays avec qui la France et l’Angleterre étaient entrées en guerre. C’est un album qui préfigure en de nombreux points la bande dessinée, Doré y joue sur le décallage entre le texte et l’illustration en utilisant d’étonnantes astuces graphiques.

Gustave Doré - L'histoire de la Sainte Russie

Gustave Doré - Le petit chaperon rouge (1862, BNF)Il fréquente la société mondaine et élargit ses activités picturales en composant de grands tableaux comme "Dante et Virgile" (1861-Musée de Brou). De 1861 à 1868, il illustre la "Divine Comédie" de Dante ; en 1862 les "Contes de Perrault" ; en 1863 "Don Quichotte" de Cervantès. Malgré le prix élevé de l’ouvrage - 160 francs - le succès est considérable. Il paraît en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Pologne, aux Etats-Unis.

Gustave Doré meurt d’une crise cardiaque à 51 ans, le 23 janvier 1883, en laissant une oeuvre gigantesque de plus de dix mille pièces. Son ami Ferdinand Foch organise les obsèques à Sainte-Clotilde, l’enterrement au Père-Lachaise et un repas d’adieu rue Saint-Dominique.








Principaux ouvrages et journaux illustrés par Gustave Doré


1847
Les travaux d’Hercule

1848/1855
Le journal pour rire

1851
L’illustration ; Des-agréments d’un voyage d’agrément ; Trois artistes incompris

1852
Oeuvres illustrées du bibliophile Jacob. Brot ; Seul au monde ; Folies gauloises

1853
Oeuvres complètes de Lord Byron

1854
Histoire pittoresque de la Sainte-Russie ; Oeuvres de Rabelais ; La ménagerie parisienne ; Différents publics de Paris

1855
Contes drôlatiques de Balzac ; La chasse au lion ; Les chercheurs d’or de J. Sherer ; Voyage aux Caux des Pyrénées de H. Taine ; Illustrated London News ; Journal pour tous

1856
La France en Afrique de B. Gastineau ; Contes d’une vieille fille de Mme de Girardin ; Le journal amusant ; Le petit journal pour rire ; La légende du juif errant ; Aventures du chevalier Jaufre de Mary Lafon

1857
Géographie universelle de Malte-Brun ; Fierabras de Mary Lafon ; Le Monde illustré ; Nouveaux contes de fées de Mme de Ségur ; La semaine des enfants

1858
Les compagnons de Jéhu d’A. Dumas

1859
La gazette des Beaux-Arts ; Essais de Montaigne ; Les nouvelles du jour ; L’univers illustré

1860
Le nouveau Paris de La Bédollière ; Le tour du Monde ; The tempest de Shakespeare

1861
Le roi des montagnes de E. About ; L’enfer de Dante ; Le chemin des écoliers de Saintine

1862
Aventures du Baron de Münchhausen ; Histoire du capitaine Castagnette de L’Epine ; Contes de Perrault ; La mythologie du Rhin de Saintine

1863
Don Quichotte de Cervantès ; Atala de Chateaubriand ; Les légendes du Croquemitaine de L’Epine

Gustave Doré - Don Quichotte

1864
Histoire populaire contemporaine de la France ; Le journal illustré

1865
L’épicurien de T. Moore ; Balle-Franche de Aimard

1866
Le capitaine Fracasse de T. Gautier ; Paradise Lost de Milton ; La Sainte Bible

1867
Toilers of the sea de V. Hugo ; Fables de La Fontaine ; Poems de Morar ; Idyls de Tennyson

1868
Gustave Doré - Dante et Béatrice au paradisLe purgatoire de Dante ; Le paradis de Dante

1870
Poems de T. Hoods

1872
London a pilgrimage de B. Jerrold ; Hesperus de Mendès

1874
L’Espagne de C. Davillier

1875
The rime of the ancient mariner de Coleridge

1876
Londres de L. Enault

1877
Histoire des croisades de J. Michaud ; L’art

1879
Roland Furieux de L’Arioste

1883
The raven d’E. Poe

1907
Versailles et Paris en 1871


A lire et à regarder


Gustave Doré (1832-1883) : exposition, Strasbourg
Musée d’art moderne, 1983
ART 769.944 DOR

Londres / de Gustave Doré
A l’enseigne de l’arbre verdoyant, 1984
ART 769.944 DOR

La Bible / Illustrée par Gustave Doré
2002
REF 220 BIB - lecture sur place

Le Dit du vieux marin / Samuel Taylor Coleridge, avec 42 gravures de Gustave Doré
Gallimard, 1978 (Voiles)
MAG 821 COL - disponible sur demande

Fables / Jean de La Fontaine ; illustrées par Gustave Doré
Lidis, 1982
Fonds précieux - 840 LAF - 2 vol. consultables sur demande

Oeuvres / François Rabelais ; illustrées par Gustave Doré
Michel de l’Ormeraie, 1970
Fonds précieux - 843 RAB
- 5 vol. consultables sur demande

La Divine Comédie / Dante Alighieri ; illustrée par Gustave Doré
Lidis, 1969
Fonds précieux - 851 DAN - 2 vol. consultables sur demande

L’ingénieux hidago Don Quichotte de la Manche / Miguel de Cervantes ; Illustré par Gustave Doré
Crémille, 1973
LIT 863 CER (3 vol.)

1871 : la Commune de Paris ; Illustré par Gustave Doré
Liana Lévi, 1983 (Les reporters de l’histoire)
HIS 944.081 2 MIL

Aventures du baron de Munchhaüsen / Illustré par Gustave Doré
Gallimard, 1995 (Folio junior)
JEU J AVE

Contes de Charles Perrault ; Illustrés par Gustave Doré
Hachette, 1978 (Grandes oeuvres)
Pocket, 2006 (Classiques)
JEU C FRA PER

Contes de ma mère l’Oye / de Charles Perrault ; Illustrés par Gustave Doré
Gallimard, 2003 (Folio junior)
JEU C FRA PER

Nouveaux contes de fées pour les petits enfants / Comtesse de Ségur ; Illustrés par Gustave Doré
Michel de l’Ormeraie, 1972
JEU C FRA SEG

Histoire de Sindbad le marin / Illustrée par Gustave Doré
Gallimard, 1992 (Folio junior)
JEU C MIL HIS

Contes et légendes de la Bible / Michèle Kahn ; illustrés par Gustave Doré
Pocket, 1994-1195 (Mythologies)
JEU 221.5 LAH C1-2

Le loup et l’agneau et autres fables / Jean de La Fontaine ; Illustré par Gustave Doré
Gallimard, 1992 (Folio junior)
Renoir - 841 LAF

  • En commande

Gustave Doré, pionnier de la bande dessinée
Musées de la ville de Strasbourg

Gustave Doré (1832-1883) : l’imaginaire au pouvoir
Catalogue de l’exposition
Flammarion

Gustave Doré - Les saltimbanques (1874, Musée d'art Roger-Quilliot, Clermont-Ferrand)

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