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Henri David Thoreau
juillet 2017

« A travers les feuilles d’un bon livre, on pourra entendre un écho qui ressemble aux bruits des forêts. »
THOREAU, 1840.

«  J’arrête mon embarcation au milieu du courant et scrute l’eau ensoleillée pour observer les mailles de ses filets, et je me demande comment les fanfarons de la ville auraient pu réaliser ce travail d’elfe. »

Né le 12 juillet 1817 d’un père français et d’une mère écossaise et mort le 6 mai 1862, à Concord, Massachusetts, Henry David Thoreau est considéré comme un des premiers écrivains « écolos ».

A la fois poète qui sut évoquer merveilleusement la nature et philosophe qui n’hésita pas à réfuter les préjugés de ses contemporains, un peu ignoré au XIXe siècle, l’auteur sortit de l’oubli au début du siècle suivant et devint peu à peu une voix essentielle, aux Etats-Unis et ailleurs. Considéré depuis un siècle comme l’un des pères de la pensée et de la poésie américaine, il fut l’inspirateur de Gandhi et le mouvement hippie fit de lui un prophète libertaire et écologiste.

Un homme engagé

Après de longues études à la Harvard University où il reconnait l’apport intellectuel de cet investissement sans pour autant en nourrir d’enthousiasme, Thoreau exerce le métier d’instituteur auquel il renonce rapidement car il est opposé aux châtiments corporels alors en usage.
Il travaille ensuite dans la fabrique de crayons de son père.
C’est à cette période qu’il commence à tenir son journal en 1837 sur les conseils de Ralph Waldo Emerson son voisin à Concord et rencontré à Harvard. Celui-ci déjà philosophe « transcendantaliste » prône un rapprochement de l’homme avec la nature.
En 1846, déjà installé dans les bois, Thoreau refuse de payer une taxe de capitation pour protester contre la guerre au Mexique et l’esclavagisme ce qui lui vaudra une nuit de prison. Séjour suffisant pour écrire, deux ans plus tard, un petit texte La Désobéissance civile, qui ne revendique pas la révolte mais la non-obéissance pacifique.

En 1854, il publie Walden. Dans cet ouvrage, il développe ses convictions profondes sur les liens inaltérables entre l’homme et la nature ainsi que son regard critique sur la société de production de masse qui est alors en train de se mettre en place.

«  La plupart des hommes, même dans notre pays relativement libre, par ignorance ou par erreur, sont si absorbés par les soucis inutiles et le rude et vain labeur de leur vie, qu’ils ne peuvent pas en cueillir les fruits les plus délicats. Leurs doigts maladroits et tremblants, à cause d’un travail accablant, en sont devenus incapables. En fait, le travailleur n’a pas le loisir qui lui permettrait de conserver son intégrité quotidienne véritable. Il n’a pas la possibilité de maintenir des relations d’homme à homme avec les autres, son labeur en serait déprécié sur le marché. Il n’a pas le temps d’être autre chose qu’une machine  ».

Le poète dans les bois

C’est déjà en 1840 qu’avec son frère, lors d’une virée sur la rivière Concord et le fleuve Merrimack, il éprouve ce besoin de nature. Omniprésente dans son œuvre, elle trouve son expression dans une attitude de retrait vis-à vis de la société. Thoreau l’observe, se fond en elle, communique avec les animaux. Rien ne semble échapper à sa curiosité, « l’armure étincelante de givre », les levers de soleil, les nuages, le bruissement des chênes ou le hululement des hiboux jusqu’aux canards « remarquables nageurs, qui [le] battent à plate couture ».

Il note qu’ils plongent sous l’eau et quand ils réapparaissent :

«  Il était amusant de voir avec quel air satisfait d’eux-mêmes et t’as-vu-comment-on-l’a-eu, ils s’en repartaient en barbotant renouveler l’expérience  ».

C’est en juillet 1845 que Thoreau décide de vivre au bord de l’étang de Walden, dans une cabane de rondins :

« Je souhaite partir pour vivre près de l’étang, et quand mes amis m’interrogent, je n’ai pas de meilleure raison à donner que de vouloir entendre le vent murmurer parmi les roseaux  ».
Le Journal et Walden contiennent d’extraordinaires notations poétiques de cette forêt américaine du XIXe siècle qui est aussi, parfois, le théâtre d’un incroyable carnage.

Dans le chapitre de Walden intitulé « Mes voisins les animaux », Thoreau décrit sur plusieurs pages le combat entre fourmis noires et rouges :

«  Et sûrement il n’y a pas de combat, dans les annales de l’histoire de Concord du moins, sinon dans l’histoire de l’Amérique, qui souffre qu’on le compare même un moment avec celui-ci, que ce soit pour ce qui est des effectifs mis en ligne, ou pour le patriotisme et l’héroïsme qui furent déployés. Quant au nombre et au carnage, ce fut un Austerlitz, ou un Dresde. La bataille de Concord ! »

La vraie guerre américaine, la guerre civile dite de « Sécession », avec près de 700 000 victimes humaines cette fois-ci, sera engagée un an avant la mort de Thoreau.

Il s’est interrogé sur les héros, les révolutions, les « masses », des thèmes qui furent au cœur de nombreux écrits, à la fin du XIXe siècle et du suivant.

Thoreau à la Médiathèque

De la marche
Mille et une nuits (La Petite collection), 2003
LIT 813 THO

Datant de 1862, cet éloge de la marche fait l’apologie de la valeur suprême de l’individu et de la communion avec la nature, pour un éveil à soi.

Journal : 1837-1861
Les Presses d’aujourd’hui (L’Arbre double), 1981
LIT 810 THO

"La nature souffre l’étude la plus minutieuse. Elle nous invite à placer notre œil au niveau de sa plus petite feuille et à prendre une vue d’insecte de ses plaines."

Et voici en quels termes, Thoreau parle de ses recherches et de ses pratiques :
"Ne serait-ce pas délicieux de rester plongé jusqu’au cou dans un marais solitaire pendant tout un jour d’été, embaumé par les fleurs de myrica et de l’airelle ? Disons douze heures de conversation familière avec la grenouille tachetée..."

Résister à la tentation du laissez-faire, au réformisme et à l’esprit commercial des temps modernes
Mille et une nuits ( La Petite collection), 2011
PHI 191 THO

Recueil d’essais inédits où Henry David Thoreau ne cesse de réfléchir à la façon d’améliorer la société et le gouvernement par une forme active d’engagement, une vigilance face aux conservateurs et aux réformateurs.





Walden ou La vie dans les bois
Climats, 2015
LIT 814 THO

Récit de deux années passées dans les bois, près de Concord, dans le Massachusetts. Publié en 1854, cet ouvrage influença de nombreux courants de pensée et servit de référence à ceux qui cherchaient à renouer avec des valeurs fondamentales.

La Désobéissance civile
Gallmeister (Totem), 2011

Ecrit dans un style lyrique et poétique, un manifeste de la résistance passive à l’Etat, de l’insoumission aux diktats économiques, de la loi morale supérieure à la loi écrite. Un pamphlet prononcé en 1848 par Thoreau, cet Américain qui refusa de payer un impôt à l’Etat américain en signe d’opposition à l’esclavage.
Ouvrage en cours d’acquisition à la Médiathèque

« La nature à chaque instant s’occupe de votre bien-être. Elle n’a pas d’autre fin. Ne lui résistez pas. »

Henry David Thoreau

Des romans dans les arbres

La littérature des grands espaces connaît un succès croissant depuis quelques années et doit beaucoup à Henri David Thoreau.
Le Nature Writing est appelé plus communément l’Ecole du Montana. Cette ville de Missoula, petite bourgade coincée entre les Rocheuses, faisait figure de point de chute pour quelques aventuriers littéraires épris de liberté.
A la source de cette création, on compte Jim Harrison, son ami Thomas McGuane ou Norman Maclean avec La Rivière du sixième jour, Edward Abbey Le Gang de la clef à molette , le Texan Rick Bass, Emerson, London ou encore Lewis et Clark à qui on doit le fabuleux journal relatant la grande expédition à travers les Etats-Unis entre 1804 et 1806. John Haines a également marqué d’une empreinte forte cette littérature.
Solitude, nature, survie en milieu plus ou moins hostile, introspection, tels sont les thèmes du Nature writing.
Ecriture de l’observation, c’est en fait et souvent une littérature de voyage sans voyage, un voyage immobile et silencieux, tout en monologue intérieur. L’individu se retrouve face à lui-même et c’est l’occasion pour lui de se poser des questions sur le sens de la vie, sur les raisons de son existence. Une occasion pour les auteurs de remettre en cause la société américaine ainsi que son mode de vie.
Certains auteurs quittent ces sentiers solitaires pour bifurquer vers le polar à la manière de L’Homme qui marchait sur la Lune de Howard McCord.

La maison d’édition Gallmeister marque particulièrement le paysage littéraire en la matière :
Voici en quels termes, elle affirme son engagement :

«  Dans la lignée de Thoreau ou d’Emerson, des auteurs comme Edward Abbey, David Vann ou Pete Fromm se font les observateurs subtils du monde naturel. Leurs écrits ne prennent pas simplement la nature pour cadre : ils en font un élément central de la narration, qui marque profondément le destin des hommes. D’autres auteurs comme Craig Johnson, Trevanian ou Benjamin Whitmer représentent la part d’ombre de cette littérature et nous guident dans les dédales obscurs de la société américaine à travers leurs romans policiers. Dignes héritiers de Kerouac ou de Vonnegut, certains écrivains comme Tom Robbins ou James McBride portent quant à eux un regard frondeur et critique sur l’american way of life, pointant les failles du rêve américain.  »

Olivier Gallmeister qui dirige cette maison d’édition s’en explique :

« Le Nature writing est l’exact opposé de la littérature américaine intellectuelle de l’Est, celle de Philip Roth, Don DeLillo, Thomas Pynchon ou Paul Auster. C’est une littérature virile et sensuelle, contestataire et engagée. Elle est engagée parce qu’elle est pour la sauvegarde des grands espaces initiaux, ceux d’avant les pionniers, mais ne tombe jamais dans l’écologie primaire : tous ces écrivains pêchent et chassent. »
Et toujours en toile de fond, cette même question :
« La vie trépidante que je mène, coupée de mon environnement naturel, me satisfait-elle ? Ai-je fait le bon choix ? D’ailleurs ai-je vraiment eu le choix ? ».
Dans la même veine, certaines collections se consacrent à cette littérature, Terres d’Amérique chez Albin Michel, Fictives chez Bourgois, ou encore Gulliver chez Flammarion.
Reste à faire le tri entre les livres excellents et ceux qui peuvent sombrer dans la contemplation béate et virer à « l’ Ushuaïa littéraire ». Nous vous proposons une sélection d’ouvrages.

Le Nature writing à la médiathèque

Indian creek : un hiver au coeur des Rocheuses
Pete Fromm
Gallmeister (Nature writing), 2006.
R FRO

Pete Fromm s’apprête à vivre un long hiver, seul, au coeur des montagnes Rocheuses. L’auteur livre dans ce récit son témoignage, véritable hymne aux grands espaces sauvages de l’Idaho. Il n’y a pas d’histoire dans ce livre, sinon celle d’un jeune homme acceptant de garder une maison perdue dans la montagne durant tout un hiver. Rien ne se passe, mais beaucoup de choses sont dites malgré tout.

Into the wild : voyage au bout de la solitude
Jon Krakauer
Presses de la cité, 2008.
LOI 910.4 KRA

En avril 1992, Christopher Johnson McCandless, jeune homme issu d’une famille aisée, se rendit en auto-stop en Alaska et entreprit une randonnée dans une région inhabitée au nord du mont McKinley. Quatre mois plus tard, un groupe de chasseurs d’élans trouva son corps dans la forêt. Sportif accompli, étudiant brillant, au cours de l’été 1990, son entourage le perdit de vue. Christopher changea de nom (Alex), fit don de son argent, abandonna tout ce qu’il possédait pour vivre une nouvelle vie, parcourant l’Amérique du nord à la recherche de l’expérience pure et transcendante. Grand admirateur de Tolstoï dont il aimait l’ascétisme, c’était un être entier dont l’idéalisme inné s’accordait mal avec la vie moderne. L’auteur, John Krakauer, a tenté de reconstituer le déroulement de cette partie de vie de McCandless grâce aux témoignages, aux lettres de ceux rencontrés. Il y a intégré également des réflexions sur sa propre jeunesse pour tenter d’éclairer l’énigme que constitue ce jeune homme.
Livre-culte dans le monde entier, Into the Wild a d’emblée fasciné Sean Penn, qui en a réalisé une adaptation cinématographique applaudie par la critique.

Sukkwan island
David Vann
Gallmeister (Nature writing), 2009.
R VAN

Jim décide d’emmener son fils de 13 ans vivre dans une cabane isolée au sud de l’Alaska durant une année afin de renouer avec lui. Les dangers auxquels ils sont confrontés et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar. Le fils commence à prendre les choses en main jusqu’au drame violent et imprévisible qui scelle leur destin. Prix Médicis étranger 2010.

Dans le grand cercle du monde
Joseph Boyden
Albin Michel (Terres d’Amérique), 2014.
R BOY

Un jeune jésuite français venu en Nouvelle-France pour évangéliser les Indiens est abandonné par ses guides et capturé par les Hurons en même temps qu’une jeune Iroquoise.




Une Terre d’ombre
Ron Rash
Seuil (Cadre vert), 2014.
R RAS

Laura Shelton est vouée à une vie isolée avec son frère, revenu amputé d’une main de la Première Guerre mondiale, dans la ferme héritée de leurs parents. Défigurée par une tache de naissance, Laura est considérée par tous les habitants comme une sorcière. Sa vie bascule lorsqu’elle rencontre un mystérieux inconnu, muet et joueur de flûte.

Lettres pour le monde sauvage : récits
Wallace Stegner
Gallmeister (Nature writing) 2015
LIT 814 STE

Romancier et écrivain écologiste, W.E. Stegner part de ses souvenirs dans l’Ouest américain pour construire un plaidoyer en faveur de la préservation des environnements naturels. Ses réflexions permettent d’entrevoir la beauté des paysages et dressent un portrait des hommes qui ont fait l’Amérique du XXe siècle.

Vingt-cinq ans de solitude : mémoires du Grand Nord
John Haines
Gallmeister (Nature writing), 2016.
LIT 818.03 HAI

En 1947, J. Haines s’installe dans une cabane isolée en Alaska. Il y passe vingt-cinq ans, menant une existence rude et solitaire faite de chasse et de pêche, de pièges et de traques, de pistes tracées au sein d’étendues vierges. Les récits qui composent ces mémoires racontent l’histoire d’un trappeur moderne, et font découvrir un des derniers grands espaces sauvages de la planète.

Le Pique-nique des orphelins
Louise Erdrich
Albin Michel (Terres d’Amérique), 2016.
R ERD

1932. Karl, 14 ans, et Mary, 11 ans, abandonnés par leur mère et meurtris par l’enlèvement de leur jeune frère, Jude, partent en train de marchandise dans le Dakota du Nord, espérant trouver refuge chez leur tante Fritzie. Ainsi débute une chronique familiale sur plus de quarante années.

Dans la forêt
Jean Hegland
Gallmeister (Nature writing), 2017.
R HEG

Alors que la société vit dans la peur et que la civilisation s’écroule, Nell et Eva, deux adolescentes, se retrouvent livrées à elles-mêmes dans leur maison perdue dans la forêt, après la disparition de leurs parents. Portées par leur passion pour la danse et l’écriture, elles luttent pour survivre et découvrent les richesses de leur milieu naturel. Premier roman.

Isolement, questionnement sur soi, nature au cœur de ces livres

Julius Winsome
Gerard Donovan
Seuil (Cadre vert), 2009.
R DON

Julius Winsome, la cinquantaine, vit seul avec son chien Hobbes, dans un chalet isolé au coeur de la forêt du Maine. S’il possède un fusil légué par son père, qui le tenait lui-même de son grand-père anglais, il préfère la lecture à la chasse. Cependant, la mort de son chien, qu’il impute à un chasseur, déclenche chez lui des instincts meurtriers.

Le Mur invisible
Marlen Haushofer
Actes sud (Babel), 2011.
R HAU

Voici le roman le plus célèbre et le plus émouvant de Marlen Haushofer, journal de bord d’une femme ordinaire, confrontée à une expérience-limite. Après une catastrophe planétaire, l’héroïne se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers, prend en main son destin dans un combat quotidien contre la forêt, les intempéries et la maladie. Et ce qui aurait pu être un simple exercice de style sur un thème à la mode prend dès lors la dimension d’une aventure bouleversante où le labeur, la solitude et la peur constituent les conditions de l’expérience humaine

Dans les forêts de Sibérie
Sylvain Tesson
Gallimard (Blanche), 2011.
LOI 910.4 TES

Sylvain Tesson, pour rassasier son besoin de liberté, a trouvé une solution radicale : vivre dans une cabane en pleine taïga sibérienne, sur les bords du Baïkal, pendant six mois. De février à juillet 2010, il a choisi de faire l’expérience du silence, de la solitude, et du froid. Sa cabane, construite par des géologues soviétiques dans les années brejnéviennes, est un cube de rondins de trois mètres sur trois, chauffé par un poêle en fonte, à six jours de marche du premier village et à des centaines de kilomètres d’une piste. La solitude finira par se révéler fertile : quand on n’a personne à qui exposer ses pensées, la feuille de papier est un confident précieux ; le carnet de note, un compagnon poli. C’est ce journal que nous offre à lire Sylvain Tesson. « La vie en cabane apprend à peupler l’instant, à ne rien attendre de l’avenir et à accepter ce qui advient comme une fête. Le génie du lieu aide à apprivoiser le temps ». Prix Médicis essai 2011

La Constellation du chien
Peter Heller
Actes sud, 2013.
R HEL

Un désastre, une épidémie terrible sans doute à l’origine de tout ça, il y a 9 ans. Un Colorado fantôme où la vie a laissé place au vide. Une logique de survie dans laquelle Hig, rêveur amoureux de la nature partage son quotidien avec un vieux cow-boy, Bangley. Mieux vaut ne pas dormir dans la maison et surveiller depuis là-haut, sous un rocher. Une alliance lie les deux hommes à force de se sauver mutuellement la vie. Surveillance et massacre ponctuent les journées. Suite à la mort de Jasper, son chien qui le reliait au passé, Hig s’envole dans son petit avion toujours en état de marche pour voir ailleurs…
A la fois roman d’aventures passionnant et grande réflexion introspective sur les émotions humaines, ce livre est porté par une écriture particulièrement expressive, toujours calée au plus près des sentiments du narrateur, tour à tour concise dans les descriptions, elliptique dans l’expression des sentiments avec toujours une touche de poésie.

La Petite lumière
Antonio Moresco
Verdier (Terra d’altri), 2014.
R MOR

Réfugié dans un hameau abandonné et désert tandis qu’une tempête annoncée tarde à venir, le narrateur perçoit chaque soir une petite lumière dont il décide d’aller chercher la source. Au terme d’un voyage dans une forêt animée, il découvre une petite maison où vit un enfant. Une relation s’ébauche entre les deux personnages.
Univers inquiétant où la nature trouve de visages multiples, haletant lorqu’il s’agit d’un gros chien menaçant, grinçant lorsqu’il s’agit d’une nature envahissante, mystérieux lorsqu’il s’agit de la nuit qui envahit l’espace et le temps... la solitude mène le héros jusqu’aux sources de sa propre vie.

Soudain, seuls
Isabelle Autissier
Stock (Bleu), 2015.
R AUT

Louise et Ludovic, un couple de sportifs, amoureux de l’aventure, décident de traverser le monde à bord de leur bateau. Ils accostent sur une île à la nature sauvage, au large de la Patagonie, entre cratères glacés et pics enneigés. Subjugués par la beauté des lieux, ils ne s’inquiètent pas des nuages noirs, au loin. Lorsque la tempête arrive, elle dévaste tout et leur bateau disparaît.

Continuer
Laurent Mauvignier
Minuit, 2016.
R MAU

Sybille, à qui la jeunesse promettait un avenir brillant, a vu sa vie se défaire sous ses yeux. Craignant d’avoir tout raté, elle décide d’empêcher son fils, Samuel, de réaliser les mêmes erreurs. Elle organise alors un voyage de plusieurs mois avec lui à cheval dans les montagnes du Kirghizistan. Se mettre en danger pour se sauver, telle est l’entreprise de cette femme.
Ce roman d’initiation en terre inconnue est aussi vaste et ample que les espaces qui lui servent de décor. C’est aussi un texte tout en retenue avec cette puissante capacité narrative pour s’immiscer au cœur de l’intime, celui d’une relation aussi belle qu’imparfaite entre une mère et son adolescent de fils. Il y a l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux et il y a l’auteur qui murmurait à l’oreille des lecteurs.

Le Grand jeu
Céline Minard
Rivages, 2016.
R MIN

Une femme décide de s’isoler dans un refuge accroché à la paroi d’un massif montagneux. Elle s’impose la solitude, ainsi qu’un entraînement physique et spirituel intense. Elle cherche, dans cette mise à l’épreuve, à savoir comment vivre. Mais sa rencontre inattendue avec une ermite bouleverse ses plans.

"Quand l’hiver prend fin, ces vieux murs et ces pierres se couvrent de cruelles feuilles nouvelles et de fleurs. Des nuages d’insectes qui viennent juste de naître volent tout autour, se jettent dans leurs plaies profondes, entrent tête la première dans les blessures des figuiers poussés sur les murs en se tordant vers le haut pour arriver à la lumière, des pommiers et des pêchers sauvages dont les petits fruits se déshydratent, racornissent, tombent, restent un moment accrochés aux branches de plus en plus nues. Les feuilles aussi tombent, recouvrent les toits effondrés, les racines pressent sous les ardoises gelées, pour soutirer un peu de sève à ce monde minéral suspendu dans l’espace."

Extrait de La Petite lumière d’Antonio Moresco

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