En pratique
Exposition, Centre Georges Pompidou, du 26 novembre au 27 avril 2015.
Place Georges Pompidou - 75004 Paris
Ouvert tous les jours, sauf le mardi de 11h00 à 21h00
Cette rétrospective "Jeff Koons" entend faire le bilan d’un indéniable "grand œuvre", désormais indissociable de celui qui l’a façonné. Car le projet de Jeff Koons est, avant tout commentaire, une histoire et un rêve américains. Une œuvre pragmatique et résolument positive, un défi joyeux dans un monde de hauts et de bas, une vision certes ludique, mais plus subversive qu’il n’y paraît et que son auteur se garde de le dire. Intimement lié à sa pratique, Jeff Koons aura, au fil de quelque trente-cinq ans, plus d’une fois défrayé la chronique. Des premiers objets résolument enfantins aux figures archétypales en acier polychrome se dressant dans les institutions publiques et les fondations privées, des images publicitaires métamorphosées en tableaux aux cadeaux d’entreprise devenus les trophées des meilleures ventes publiques, des publicités pour « master classes » gratifiées à des enfants attentifs dans des magazines d’art aux images pornographiques incarnant, pour l’artiste, « l’amour et la spiritualité », l’œuvre de Koons n’aura cessé de défier le jugement et le goût et de stimuler le désir pour affirmer sa valeur iconique et symbolique.
Il fallait cette première rétrospective européenne au Centre Pompidou pour juger sur pièces. Il apparaîtra ainsi au visiteur que l’artiste n’a cessé, au fil d’un travail obsessionnel, d’associer artisans et fabricants à la réalisation de pièces techniquement toujours plus ambitieuses. Des premiers assemblages cherchant une synthèse entre pop et minimalisme aux moulages de plâtre ornés de décorations pour parcs et jardins, Koons a voulu inscrire son projet au fil de séries dont les sujets parlaient à tous pour tenter de réconcilier l’art moderne et la culture populaire dans une célébration des contraires enfin réunis.
Car l’ambition de l’artiste est de taille. Et pas seulement immense. Même si Koons, on le sait, ne dédaigne pas le poids physique, symbolique et majestueux du monument. Son ambition est, en fait, de prendre en défaut les paradoxes d’un discours théorique qui n’aura, au fil de la modernité, souvent trouvé de justification que dans l’opposition qu’il aura cru entretenir avec le pouvoir. C’est là pour Koons un défi, voire un retournement.
Plusieurs décennies ont passé. L’Amérique a été ébranlée et Jeff Koons semble avoir gardé un irrémédiable optimisme. Intégrité et authenticité, acceptation de soi et dialogue, confiance et responsabilité : il y a sans doute dans la pratique de Jeff Koons du Dale Carnegie et de sa méthode pour "se faire des amis et influencer les gens". Et si la promesse de bonheur tant de fois prise en défaut trouvait à s’accomplir, il n’est pas impossible que notre artiste veuille en être le porteur.
© www.centrepompidou.fr - Bernard Blistène
Jeff Koons né le 21 janvier 1955 à York en Pennsylvanie, États-Unis est un artiste américain.
Après des études au Maryland Institute College of Art de Baltimore, Jeff Koons s’installe en 1976 à New-York. Il devient courtier en matières premières à Wall Street afin de financer sa production artistique. Ses œuvres sont réalisées dans un atelier, situé à Chelsea, près de New York, avec plus de 100 assistants. Il ne réalise aucune œuvre lui-même, mais impulse des idées qu’il fait exécuter par ses collaborateurs professionnels.
Son "Inflatable Rabbit", lapin gonflable réalisé en inox en 1986, et ses "Balloon Dogs" sont aujourd’hui considérés par les plus grands collectionneurs, dont François Pinault, comme des œuvres emblématiques de la fin du XXe siècle. L’art de Jeff Koons peut être considéré comme le point de rencontre entre plusieurs concepts : les ready-mades de Marcel Duchamp, les objets du quotidien démesurés de Claes Oldenburg, l’appropriation de l’objet plus qu’humain d’Arman et le pop art d’Andy Warhol ; l’artisanat d’art et l’imagerie populaire. L’iconographie qu’il utilise est un catalogue de la culture populaire, non seulement américaine, mais aussi mondiale.
Il s’approprie des objets et essaie de comprendre « pourquoi et comment des produits de consommation peuvent être glorifiés ». Tout au long de sa carrière, il a utilisé toutes sortes d’articles populaires, des aspirateurs et des ustensiles électroménagers enfermés dans des caisses de plexiglas et éclairés de néons d’abord, puis des ballons de basket en suspension dans des aquariums (grâce à l’aide du Dr Richard Feynman, lauréat du prix Nobel de physique), puis des bibelots rococo, des souvenirs de bazar (lapins gonflables, bergères ou petits cochons en sucre, Michael Jackson en porcelaine), enfin et surtout des jouets et des objets intimement liés à l’enfance.
Jeff Koons, la rétrospective
Centre Georges Pompidou, 2014
ART 709.040 7 KOO
Jeff Koons
Sarah Cosulich Canarutto. - Hazan, 2007 (Hypercontemporain)
ART 709.040 7 KOO
Jeff Koons : un homme de confiance
Un film de Judit Kele et Patrick Javault. - Montparnasse, 2007
ART 709.040 7 KOO (DVD)