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Lili Boulanger (1893-1918)


Biographie


Première femme à obtenir le Prix de Rome de composition musicale, Lili Boulanger meurt prématurément à l’âge de 25 ans. Elle laisse néanmoins une quantité d’œuvres surprenantes de maturité.

Sœur cadette de Nadia Boulanger, Marie Juliette Olga dite Lili Boulanger, grandit au sein d’une famille de musiciens : son père, Ernest Boulanger, est compositeur et lauréat du Prix de Rome en 1835. À l’âge de six ans, Lili déchiffre déjà au piano des mélodies, notamment celles de Gabriel Fauré qui l’accompagne dans ses interprétations. Entrée au Conservatoire National de Paris en 1909 dans les classes de Georges Caussade (contrepoint) et Paul Vidal (composition), elle se présente quatre ans plus tard au concours du Prix de Rome avec la cantate Faust et Hélène, qu’elle remporte à l’unanimité. Elle devient non seulement la première femme à recevoir cette distinction mais demeure également l’un des plus jeunes lauréats à remporter ce prix. Elle est alors âgée de 19 ans.



Elle s’installe à la Villa Médicis où elle compose la plus grande partie de son œuvre, notamment les pièces Cortège pour violon et D’un jardin clair pour piano mais aussi les Psaumes XXIV, CXXIX, CXXX qui ne seront terminés qu’en 1917. Bientôt, la guerre éclate et Lili doit écourter son séjour à Rome. Elle continue de composer sans relâche jusqu’à sa mort en 1918, des suites de la tuberculose. Sur son lit de mort, elle dictera à sa sœur Nadia sa dernière œuvre : le Pie Jesu.

Biographie de la Documentation Musicale, juillet 2014




Lili Boulanger en 5 dates :
1909-13 : étudie la composition au Conservatoire de Paris.
1912 : se présente une première fois au Prix de Rome mais doit se retirer de la compétition à cause de sa maladie.
1913 : remporte le Prix de Rome. Sa cantate Faust et Hélène est exécutée aux Concerts Colonne.
1914 : s’installe à la Villa Médicis.
1917 : compose les poèmes symphoniques D’un soir triste et D’un matin de printemps.



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Discographie

Pour découvrir la musique de Lili Boulanger

Attente (1910), Reflets (1911), Le Retour (1912)
Ces pièces pourraient être qualifié d’œuvres de jeunesse, mais sont déjà pleine d’une forte maturité musicale. Attente est la première œuvre publiée de Lili Boulanger, d’après un poème de Maeterlinck et d’une esthétique typiquement fin-de-siècle. Reflet se révèle un peu plus accomplie et d’une forte inspiration fauréenne, tant par sa diction que par son accompagnement. Elle a été orchestré par Lili Boulanger elle-même. Le Retour (il s’agit du retour d’Ulysse à Ithaque) est tiré d’un poème de Delaquis totalement transcendé par la musique. La compositrice y déploie une matière mélodique et harmonique somptueuse

Chœur et Lieder/ Lili BOULANGER, Fanny HENSEL, Clara SCHUMANN
Mitsuko Shirai, Hartmut Höll, Heidelberger Madrigalchor, Gerald Kegelmann
Talis, 1988
MUS 3 BOU 31


L’Hymne au soleil (1912)
La cantate L’Hymne au soleil pour alto, chœur, piano ou orchestre, sur un poème de Delavigne, « célèbre la puissance du soleil » dans un superbe crescendo. Dans cette partition, l’évidence de l’attachement particulier au rapport entre les mots et la musique et à la cohérence entre ceux-ci de Lili Boulanger se manifestent sans détour.

Hymne au soleil / Lili BOULANGER
Antonii Baryshevskiy, Michael Alber, Orpheus Vokalensemble
Carus-Verlag, 2018
MUS 3 BOU 34



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Nocturne (1911)
Assez caractéristique du style dit « impressionniste », Nocturne est une pièce pour flûte ou violon et piano mais elle avait été orchestrée dans une autre version incluant des cordes, plus une harpe et une clarinette. Malheureusement, la transcription orchestrale n’a jamais été publiée et a été perdue.

Cortège (1914)
Cortège est une pièce pour violon ou flûte et piano, vivante et presque dansante au tempo rapide, syncopé à la fois dans les parties de violon et de piano avec un thème unique obstiné et désinvolte. On pense au Fauré le plus léger, celui de Dolly. Cortège est dédiée à la violoniste. Yvonne Astruc.

Dans la malle du poilu / Clara SCHUMANN, Lili BOULANGER, Eugène YSAŸE...
Amanda Favier, Célimène Daudet
Arion, 2013
MUS 307 DAN


Clairières dans le ciel (1913-14)
Clairières dans le ciel est cycle de treize mélodies sur des poèmes de Francis Jammes, issus du recueil Tristesse (1905). La compositrice indique sous la partition de la première mélodie : « toutes ces mélodies devraient être chantées avec le sentiment d’évoquer un passé resté plein de fraîcheur. » L’œuvre est dédiée à Gabriel Fauré.

Gedankenverloren / Lili BOULANGER, Manfred TROJAHN, Claude DEBUSSY...
Katharina Konradi, Gerold Hubert, Andreas Lipp
Deutscher Musikrat, 2018
MUS 399 KON



Clairières dans le ciel. Mélodies / Lili BOULANGER, Nadia BOULANGER
Rafal Lewandowski, Anna Fabrello
Acte Préalable, 2013
MUS 3 BOU 31


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D’un vieux jardin, D’un jardin clair (1914)
Ces courtes pièces pour piano solo ont été écrites durant le séjour de Lili Boulanger à la Villa Medici à Rome. Les deux pièces sont dans le style impressionniste et se complètent. D’un Vieux Jardin est une œuvre grave et plus complexe, au mélisme modaux quasi-grégorien dédié à Lily Jumel ; D’un Jardin Clair est un morceau joyeux et bref, virevoltant à la manière d’une valse légère dédié à Ninette Salles.

Dans l’immense tristesse (1916)
Pièce pour voix et piano, Dans l’immense tristesse, tiré d’une poème de Bertha Galéron de Calonne, exprime un désespoir poignant, hallucinant. Deux tonalités principales, si bémol mineur et ré mineur, se partagent ce morceau dominé par le glas sinistre des lentes et lugubres quintes vides sur pédale.

Les Mélodies / Lili BOULANGER
Jean-Paul Fouchécourt, Sonia de Beaufort, Alain Jacquon
Timpani, 1998
MUS 3 BOU 31


Pie Jesu (1918)
Le Pie Jesu est une œuvre pour soprano, quatuor à cordes, harpe et orgue. Il s’agit de la dernière œuvre de la compositrice, qu’elle dicte sur son lit de mort à sa sœur Nadia Boulanger. Cette œuvre a été vue comme « un requiem pour elle-même ». Le Pie Jesu est en effet un partie du requiem. À la différence de plupart de ses autres œuvres vocales, cette œuvre montre une grande sobriété. Elle est écrite pour une seule voix et non pour un chœur.

Le Plus beau requiem du monde / Lili BOULANGER, Franz SCHUBERT, Maurice DURUFLÉ...
Elisabeth Vidal, Patrick Garayt, Chœur et orchestre français d’Oratorio
Concord, 1997
MUS 300 REQ


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Psaume 129 : Ils m’ont assez opprimé dès ma jeunesse (1916)
Le Psaume 129 est une œuvre pour baryton et orchestre. Le martèlement de neuvièmes mineures dénonce le juste persécuté appelant à la protection divine, alors que la psalmodie de voix d’hommes constamment à l’unisson s’imprègne de la luminosité des voix de femmes qui n’interviennent qu’à la dernière partie de l’œuvre. Si jeune et pourtant si profonde dans sa musique, Lili Boulanger accorde une grande place à la voix, et trouve essentiellement l’inspiration dans des sujets bibliques ou mystiques, influences indubitablement liées au mal qui l’aura rongé toute sa vie et au destin tragique connu bien tôt par la jeune femme.

Psaume 130 : Du fond de l’abîme (1910, revue en 1917)
Le Psaume 130 : Du fond de l’abîme ou Psaume CXXX est une œuvre pour contralto, ténor, chœur mixte et orchestre. Empreint d’une atmosphère sombre d’où perce peu à peu l’espoir, c’est l’une des partitions les plus longues de la compositrice, et l’une de ses plus riches en termes d’écriture musicale. C’est aussi une admirable synthèse de toutes les richesses singulières de son inspiration : l’obsession pour le mode phrygien (mode de mi) et pour la tonalité de si bémol mineur. Les quatre parties dramatiques affirment un climat écrasant aux textures délicates. C’est une musique d’une étonnante puissance que Lili Boulanger manie avec une étrange maturité du haut de ses vingt-trois ans.

Oratorium. Psalmen / Fanny HENSEL, Lili BOULANGER
Philharmonia chor und Orchester Stuttgart, Helmut Wolf
Carus-Verlag, 1996
MUS 3 BOU 45


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À lire

À la recherche de Lili Boulanger / Jérôme Spycket
Fayard, 2004
MUS 780.92 BOU BIO (en commande)

De Lili Boulanger, on sait qu’elle fut la première femme à obtenir le premier grand prix de Rome de composition musicale, à dix-neuf ans, en 1913. Que, morte cinq ans plus tard, elle a laissé des œuvres d’une puissance et d’une originalité qui font d’elle un compositeur de premier plan.
Le culte posthume que sa sœur Nadia, musicienne et pédagogue hors pair, a organisé autour d’elle, s’il a glorifié un génie fauché dans sa fleur, a laissé dans l’ombre (volontairement ?) bien des secrets. Quand on remonte aux sources de ce prodigieux talent, on se heurte à une cascade de mystères : les origines de la famille, la filiation, l’éclosion de la vocation de cette jeune fille, sa mort si précoce ?
Partant à la recherche de cette personnalité, Jérôme Spycket, autant que le lui permettent les documents, la suit dans la vie « d’artiste » trépidante que mènent sa mère et sa sœur (entourées des figures protectrices de Raoul Pugno et de la famille Bouwens), dans le travail acharné qui, malgré une santé chancelante, lui permet d’accéder très tôt à la consécration que représente le prix, dans ses séjours contrariés à Rome, dans l’attachement quasi fusionnel des deux sœurs (qui sans doute ne l’étaient qu’à demi ?).
Éclairant ainsi le destin pathétique de Lili, personnage d’un véritable roman familial, il relaie le sentiment qu’elle inspirait à ses contemporains, où, à l’attendrissement pour sa fragilité, se mêlait une admiration pour la force de son caractère et la haute teneur de son œuvre.

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