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Lucian Freud, l’atelier
Présentation et sélection bibliographique, avril 2010

Reflet autoportrait (1985)

Lucian Freud, aujourd’hui âgé de 88 ans, est une figure de la peinture contemporaine. Cet artiste, parmi les peintres vivants les plus importants au monde, n’avait pas été exposé en France depuis la première rétrospective que lui avait consacrée le Centre Pompidou en 1987. Hommage inédit, l’exposition présente un ensemble exceptionnel de tableaux retraçant son œuvre : une cinquantaine de peintures de grand format, complétées par une sélection d’œuvres graphiques en provenance, pour la plupart, de collections particulières, ainsi que des photographies de l’atelier londonien de l’artiste.

Centre Georges Pompidou, Galerie 2, 10 mars au 19 juillet 2010

L’exposition


L’exposition s’organise autour du thème de l’atelier, ce huis-clos qui fonde la peinture et la pratique de Lucian Freud. Elle réunit, dans un espace de plus de 900 m2, les principales grandes compositions du peintre dites « Large Interiors », les variations autour des maîtres anciens, la série des autoportraits et les récents et imposants portraits de Leigh Bowery ou de Big Sue, chefs-d’œuvre du peintre.

La singularité du travail de Lucian Freud tient en grande part au traitement minutieux et quasi obsessionnel du portrait et du nu fondé sur une approche absolue du métier de la peinture. « Je veux que la peinture soit chair (...) » ou encore « Pour moi le tableau est la personne » dit-il... Le modèle est observé dans le monde clos de l’atelier, laboratoire du peintre.

Reflet avec deux enfants (1965)Lucian Freud ne peint que ce qu’il place au sein de cet espace ; il y installe ses modèles selon des mises en scène précises, mettant en jeu le mobilier et les objets raréfiés de l’atelier, accessoires récurrents et reconnaissables des compositions : plante verte, canapé crevé, fauteuil usé, lit en fer, lavabo, murs maculés de peinture. Les quelques paysages construits selon des angles de vue en plongée, serrés, sont peints en général depuis ses fenêtres ou son seuil. Ainsi, les adresses successives de ses ateliers constituent des éléments de titre ou de datation (w11, w9...), depuis celui de Paddington où il s’installe en 1943 pour trente ans, jusqu’à la maison de Notting Hill en passant par le loft de Holland Park.

Le thème de l’atelier porte en lui la métaphore de la peinture : le huis-clos entre le peintre et son modèle (depuis Rembrandt en passant par Courbet et Picasso), l’espace de la peinture - représentation du réel, processus de création -, la figure de l’artiste - autoportraits et relecture des maîtres.


Le parcours de l’exposition


1. Intérieur / Extérieur

Wasteground with houses (1970-1972)La première salle s’ouvre sur un ensemble étonnant de paysages urbains et de vues d’atelier.
Parmi ces oeuvres, Wasteground with Houses, Paddington, 1970-1972 et Factory in North London, 1972, représentent la New London avec ses terrains vagues remplis d’ordures et les bâtiments de la banlieue londonienne avec leurs multiples étages et leurs façades aveugles. L’atelier, dépeint avec son mobilier, ses plantes vertes, ses surfaces de murs, de planchers, constitue le cadre réflexif d’un face à face intense avec le modèle. La puissance de la peinture de Lucian Freud réside dans cette tension étroitement surveillée entre distance et intimité.

Factory in North London (1972)










2. Réflexion / Reflection

La force et la complexité des autoportraits de Lucian Freud relèvent de cette tension entre intériorité et représentation, entre réflexivité et mise à distance ironique. Ponctuant régulièrement son travail, les autoportraits offrent de multiples variations autour du dispositif du miroir, du portrait frontal en buste en passant par les représentations furtives du peintre au détour d’un reflet dans l’angle d’une composition. Il en est de même pour les mises en scène parodiques du peintre nu dans ses godillots, palette à la main, brandissant son pinceau ou encore du vieux maître poursuivi par les ardeurs d’une jeune modèle, nue. L’artiste affirme que « pour se représenter soi-même, il faut essayer de se peindre comme si on était quelqu’un d’autre. Dans l’autoportrait, la "ressemblance", c’est autre chose. Je dois peindre ce que je ressens sans tomber dans l’expressionnisme. »

Man's head : autoportrait (1963)

3. Reprises

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