Les dessins de Nicolas Renard, peintre des campagnes militaires du Premier Empire, racontent l’épopée napoléonienne vécue au cœur de la mêlée du champ de bataille et l’ordinaire héroïque des soldats de la Grande Armée.
Visites commentées par l’artiste et dédicace de 11h à 13h et 15h à 18h :
► Samedi 16 septembre (Journée du Patrimoine)
► Samedi 23 septembre et
► Dimanche 24 septembre (Jubilé Impérial)
Avec sa pipe de hussard et sa barbe blanchie de grognard, Nicolas Renard semble appartenir à l’ère napoléonienne. L’artiste, qui dessine des scènes de batailles ou de bivouacs pour sa seule jubilation, a été nourri, dans son enfance studieuse, de la passion pour les chevaux et de la lecture des mémoires de son aïeul : Jean-Baptiste Auguste Barrès, capitaine des chasseurs à cheval de la Garde Impériale, enterré à Charmes, en Lorraine. Ces « Souvenirs d’un officier de la Grande Armée » avaient été publiés en 1923 par son petit-fils, l’écrivain Maurice Barrès, l’auteur des “Déracinés” qui, longtemps, vécut rue Caroline, près de la mairie du 17e… Il n’y a pas de hasard, dit-on, mais seulement des concordances aléatoires : Nicolas Renard est un arrière-petit-fils de Maurice Barrès. Il recèle les vertus, la clarté et le sens du détail signifiant, que son aïeul décelait dans les mémoires du capitaine Barrès : « Mon grand-père raconte avec une parfaite clarté ce qu’il a vu, et parfois des choses charmantes. (…) J’aime sa gaieté quand, jeune soldat de vingt ans, au soir de la bataille d’Iéna, le hasard loge son escouade dans un pensionnat de demoiselles : « Les oiseaux s’étaient envolés, en laissant leurs plumes : les pianos, les guitares, une partie de leurs hardes, de charmants dessins, des gravures et des livres… » Ce que Maurice Barrès disait de son grand-père vaut aujourd’hui pour le dessinateur et peintre Nicolas Renard : « Il n’a pas que la sensibilité de l’imagination, mais la plus profonde, la plus noble, celle du cœur ».
HÉROÏSME DES SANS-VOIX
Après avoir exercé divers métiers, dont celui d’illustrateur, de concepteur de soldats de plomb et de pianiste de jazz, Nicolas Renard, pétri de connaissances napoléoniennes et des récits du capitaine Coignet ou du sergent Bourgogne, s’est jeté à corps perdu, grâce à la rencontre de son ami François Morel, dans la réalisation de son grand-œuvre : revisiter le stoïcisme des héros ordinaires, méconnus, des campagnes de la Grande Armée. Autrement dit, l’héroïsme au jour le jour des sans-voix, des centaines de milliers d’hommes convaincus de porter les idées de la Révolution dans l’Europe entière. « La fibre populaire répond à la mienne ; je suis sorti des rangs du peuple, ma voix agit sur lui », assurait celui que Germaine de Staël appelait “Robespierre à cheval”. « J’ennoblis tous les Français », répondait Napoléon à ses ennemis. L’empereur est rarement présent dans les dessins de Nicolas Renard et de ses tableaux. On voit peu les maréchaux et les généraux, alors qu’il possède une érudition encyclopédique des batailles. Il peint la furie des combats où la souffrance est partagée par les chevaux et les hommes dans le fracas des armes, de la canonnade. Les chevaux hennissant, le ciel, le vent, la pluie, l’aurore gelée et les canons disloqués bousculent les hommes dont les visages semblent voilés par l’imminence de la mort. Il fouaille le chaos des chevaux et des hommes gisant. Bien plus que Meissonnier ou Alphonse de Neuville – autres peintres épiques de la plaine Monceau -, Nicolas Renard est sans doute le premier artiste à nous faire comprendre, dans ses scènes, le rôle central du cheval dans la puissance de l’empire. Son trait, précis et jaillissant sans naturalisme, restitue l’élan de cette cavalerie qu’il a admirée, en qualité de maître de manège formé à l’art des maréchaux-ferrant. Il donne à respirer la poudre, l’âcre humeur de la bataille et l’odeur fauve de la peur avec le lyrisme maîtrisé de Victor Hugo, dans Les Misérables : « On les apercevait à travers une vaste fumée déchirée çà et là. Pêle-mêle de casques, de cris, de sabres, bondissement orageux des croupes des chevaux dans le canon et la fanfare, tumulte discipliné et terrible ; là-dessus les cuirasses, comme des écailles sur l’hydre ». Tumulte discipliné résume tout l’art de Nicolas Renard, peintre d’histoire, comme l’était Édouard Detaille pour la guerre de 1870.