Philippe Torreton, acteur passionné par le verbe, les mots dits à haute voix, a trouvé sa place sur la scène littéraire et cela n’a rien d’étonnant.
Pourtant il est un jeune garçon timide, presque timoré qui, à l’école, va se découvrir une passion pour le théâtre. Le remède pour conquérir l’estime de lui-même.
Il entre au Conservatoire national supérieur d’art dramatique en 1987. Il devient pensionnaire de la Comédie Française en 1990 et son 489ème sociétaire en 1994. Il y joue Lorenzaccio, Hamlet, Antigone ou Les Fourberies de Scapin. Il quitte l’institution en 1999. Philippe Torreton poursuit une brillante carrière de comédien et continue à tenir les plus grands rôles au théâtre : Cyrano, Dom Juan, Richard III vivent sous ses traits.
Il joue dans plus d’une trentaine de films au cinéma sous la direction de Bertrand Tavernier (avec qui il obtient le César du meilleur acteur dans Capitaine Conan en 1997), Patrice Leconte ou Mathieu Kassovitz.
Bouillonnant, passionné, entier, engagé, les qualificatifs ne manquent pas pour définir l’homme, le comédien. Sur scène, les mots il les savoure, les retourne en bouche.
Et l’écriture dans tout ça ? Après deux documentaires publiés sur le théâtre (Comme si c’était moi et Petit lexique amoureux du théâtre), Mémé (L’Iconoclaste, 2014) touche le cœur même du public et de la critique. En proclamant son amour pour sa grand-mère maternelle, l’auteur s’engage auprès des humbles, laissant poseurs et hypocrites sur le bord de la route. Jacques à la guerre (Plon, 2018) est un bouleversant hommage à son père. La guerre de Jacques, c’est l’Indochine. C’est l’histoire d’un humaniste piégé dans une histoire qui le dépasse. Grâce à une écriture vivante, réaliste, et dans un style élégant, Philippe Torreton offre aux lecteurs un formidable témoignage de l’histoire contemporaine. Une certaine raison de vivre est sa première fiction.
« Le théâtre se joue autant avec les pieds qu’avec la tête. Il faut s’y frotter physiquement. » En est-il de même pour la littérature ?
Une certaine raison de vivre
Du grand massacre de 14-18, Jean Fournier revient indemne physiquement mais broyé de l’intérieur. Démobilisé, il fait tout ce qu’il peut pour y croire, croire qu’un avenir est encore possible après cinq années à voir et entendre ce que des yeux et des oreilles de vingt ans ne devraient pas avoir à saisir. Il retrouve son emploi discret dans une banque et le destin lui fait grimper les échelons par la grâce d’un amour fol : celui d’Alice. Mais Alice, malgré ses efforts, le voit rêver de hauteurs qu’elle ne connaît pas, celles des cimes où un berger lui a, un jour, offert un autre regard sur les hommes et sur la vie.