Pour presque tout savoir sur la cuisine indienne, un voyage culturel, historique.
Le Festin indien
Chitrita Baneri
Hoëbeke
LOI 910.4 BAN
Chitrita Banerji nous invite à un merveilleux voyage à travers une douzaine de régions du continent indien et plus de trois années sur les routes de l’Inde au hasard des rencontres, des plus simples gargotes dans les villages tribaux aux palais, des échoppes des marchés aux cantines des temples.
Le lecteur découvrira ici que la civilisation indienne a toujours eu une grande curiosité pour l’étranger et les nouveaux produits qu’il amenait avec lui et de ce fait elle propose une variété de cuisines, formées par les vagues successives d’arrivées, d’invasions, de conquêtes et d’assimilations où se croisent différentes influences, chacune apportant des techniques nouvelles, de nouvelles manières d’associer l’abondance des épices, les graines, le safran aux ingrédients locaux.
Chitrita Banerji nous emmènent dans les cuisines locales, nous restitue les parfums et couleurs à travers son écriture riche. Vous apprendrez également beaucoup sur l’histoire de la table en Inde, les caractéristiques de chaque région et de chaque met, le pourquoi du comment. Une bible pour le voyageur culinaire.
Laissez vous tenter par la saveur des mots et des mets qui vous mettront l’eau à la bouche à chaque page.
« Qu’on mangeât au palais royal ou dans un taudis, dans un foyer musulman ou hindou, les repas étaient traditionnellement servis à même le sol soigneusement nettoyé ou sur une estrade très basse, avant que les Européens n’aient popularisé l’usage de la table et des chaises. Au palais moghol, les convives s’asseyaient sur de riches tapis qu’on couvrait au moment des repas avec des draps blancs propres, pour éviter les taches de nourriture. Après s’être rincé les mains avec de l’eau parfumée versée par des serviteurs, les membres de la famille royale choisissaient leurs mets de prédilection qu’ils mangeaient dans des assiettes de jade - une mesure de sécurité car le jade changeait, paraît-il, de couleur au contact des poisons connus à l’époque. »
Vrai récit de voyage, errance culinaire, suivez Alice dans les cuisines d’Orient
A l’auberge de l’Orient
Seule sur les routes d’Asie Centrale
Alice Plane
Transboréal
LOI 910.4 PLA
L’auteur vous propose quelques recettes en fin de récit. Mais, il ne s’agit pas d’un livre sur la cuisine.
Alice Plane est une gourmande de géopolitique, elle a appris le russe pour aller à la rencontre des peuples d’Asie centrale, (l’ancienne Union Soviétique et la Perse antique). De l’Azerbaïdjan au Kazakhstan en passant entres autres, par l’Iran et le Tadjikistan, Alice Plane a sillonné seule tous ces pays avec une idée forte : rencontrer les habitants, partager un moment de leur quotidien et ce, à travers le travail des femmes. L’auteur a mis à profit sa condition féminine pour pénétrer leur cuisine, cet espace clos réservé aux femmes.
La voyageuse fait tout pour se fondre dans la population. Elle rencontre les femmes qui l’invitent, la protègent et partagent leur quotidien. L’intimité de la cuisine est source de confidences, les filles se racontent, les mères s’épanchent.
Ainsi dans ses pas, et à travers ses yeux de gourmande nous partons à la découverte des cuisines locales que la voyageuse découvre sans préjugés, faisant confiance, s’aventurant dans les contrées lointaines. L’auteur partage avec nous son aventure gourmande et généreusement humaine, tout en distillant ça et là des considérations éclairées sur la géopolitique des pays traversés.
Poussez les portes de ces familles qui ont accueilli Alice à bras ouverts, et partagez ses émotions. Alice Plane a la plume légère et précise, et se lit avec plaisir.
Un livre intelligent qui a du cœur.
« Parmi les pâtisseries et le thé vert du petit-déjeuner, mon hôtesse a glissé la fraîcheur vitaminée d’une grenade, peau d’ocre à la couronne étroite dont je tire les trigones coriaces pour découvrir en son cœur les arilles, beaux grains croquants et acides, rubis rangés en compartiments hermétiquement blancs, Anargul, dont le prénom désigne justement ce fruit en kirghize, m’avait annoncé à Murgab, la veille de mon départ, être enceinte de deux mois. Subissant cette fringale qu’on tolère des femmes enceintes mais que toutes ne peuvent combler, elle aurait aimé croquer les bonbons translucides et charnus d’une grenade, ce symbole de fertilité. Mais sur un plateau décharné où même les oignons et le blé sont rares, seul le souvenir du fruit devait la contenter. Un passager providentiel emportera pour elle une livre de grenades de ma part. »
[…]« Il y a un canapé dans son salon mais, preuve de l’incongruité d’un tel meuble, Zâra s’est assise au sol sans même s’adosser au canapé. Un grand enfant ayant pris sa cuisse pour oreiller, elle se tient accoudée sur son autre genou, replié, dans une attitude empreinte de fierté. Elle commence alors le récit de l’époque où elle vivait à la campagne, entre les plaines arides et les oasis de verdure, et m’explique ses recettes de printemps, lorsque l’herbe est grasse, le lait goûtu et les agneaux robustes... »
[…]« Le lac de Toktogul.
Un autre groupe d’enfants est là, plus jeunes, avec aussi des filles. Ils m’observent, intéressés. Gardant une distance respectueuse, ils m’apportent un gobelet de soda orange fluo puis détournent la tête pour me permettre de me changer. Après quelques brasses rafraîchissantes, je retourne sur mes pas en leur compagnie. Il est toujours surprenant de voir combien la disposition de l’esprit rend belles les choses qui pouvaient, l’instant d’avant, sembler hostiles. La plaine désertique a pris des reflets dorés : sur la colline, les silhouettes de cavaliers menant leurs troupeaux se détachent, symboles de liberté sauvage. Les herbes dégagent une délicieuse odeur de Provence et l’un des enfants, inquiet de me savoir seule à cette heure tardive, court demander à ses parents l’autorisation de me ramener chez lui. Tout redevient simple, évident. »